INTERVIEW AVEC LAURENT CAUET
Suite à la suspension de la saison en Nationale 2, nous avons posé quelques questions au coach Laurent CAUET où il revient notamment sur le début du championnat.
Comment gères-tu cette période complexe?
Nous avons tout stoppé au 1er novembre et nous attendions de recevoir les directives du Ministère des sports et de la DTN pour nous coordonner avec le service des sports de la ville de Cannes.
Les Centres de Formations des clubs Pro vont pouvoir continuer à s’entraîner en salle. Nous allons reprendre dans quelques jours. En attendant les filles passent le Test de détection COVID et restent à l’isolement chez elles. Nous reprendrons une fois les résultats connus.
Depuis le 1er novembre, nous travaillons à distance. Les joueuses ont un petit programme d’entretien physique à faire et j’ai programmé des réunions en visio-conférence pour débriefer nos matches mais aussi travailler notre physique ensemble et garder du lien.
Pour le suivi scolaire et administratif nous travaillerons plus à distance ou par visio qu’en présentiel. C’est à nous de garder les prestations que nous offrons dans notre centre d’entraînement, elles prendront des formes différentes pour limiter les contacts et les déplacements. Nous allons maintenir notre fonctionnement dans une attitude responsable et avec le respect des gestes barrières comme nous le faisons depuis le début.
Comment réagis-tu face à la suspension du championnat de Nationale 2 par la Fédération Française de Volley-Ball ?
C’est une décision qui est tombée lundi 26 octobre, et qui ne m’a pas complètement surpris, parce qu’on voyait bien que ça devenait compliqué pour tout le monde au niveau national. Il y a eu une pluie de reports et d’annulations sur le week-end du 24 et 25 octobre.
La Fédération de Volley a anticipé les décisions du gouvernement qui ont suivi quelques jours plus tard. C’est une sage décision, car beaucoup de clubs ne pouvaient plus s’entraîner, de toute façon. Après, c’est toujours frustrant, parce que tout le monde aimerait un retour à la normalité que nous connaissions avant 2020. Aujourd’hui, il faut accepter que notre mode opératoire soit restreint, et continuer d’espérer que début 2021, les championnats pourront reprendre sous une forme ou une autre.
Qu’est-ce que ça change pour l’équipe et pour toi ?
C’est toujours compliqué d’être un long moment sans compétition, surtout sans match officiel. C’est tout de même ce qui fait avancer un ou une sportive, ou un collectif, pouvoir se confronter à la réalité du terrain d’un week-end à l’autre. La compétition, c’est toujours plus fort et formateur qu’un entraînement, selon moi. En plus, nous, en sport-co, on est habitués à ce rythme de jouer tous les week-ends, ce n’est pas comme en athlétisme ou en natation, où tu prépares des objectifs, des “meetings”, qui peuvent être très échelonnés sur une année. Souvent, à part la période de pré-saison où tu es entre 6 et 8 semaines sans match officiel, le reste de l’année, il y a un rythme assez soutenu, surtout au niveau National. Du coup, se dire qu’au mieux, on ne rejouera pas de match avant janvier 2021, ça paraît très lointain, je pense qu’il faudra bien accompagner les équipes. Ce sera mon rôle, maintenir la motivation des joueuses, et même du staff technique. D’un autre côté, ça peut être une période sans pression de résultat, donc on peut travailler autrement, prendre plus de temps sur certaines choses.
Et quel impact va avoir le confinement ?
Hum, c’est vraiment complexe de pouvoir se projeter, le confinement va forcément nous limiter, c’est un vrai gros coup de frein. Notre effectif de Nationale 2 et les joueuses du centre de formation viennent de différents horizons, une bonne partie des joueuses sont Cannoises ou du proche bassin cannois, d’autres viennent du Var, et 4 joueuses sont hors région PACA. Nous avons laissé la liberté de choix aux joueuses de se confiner ici, ou de rentrer dans leur famille, pour les plus éloignées géographiquement. Certaines devront donc s’entretenir physiquement à distance, d’autres pourront trouver des créneaux d’entraînement sur le groupe pro, dans le cadre du centre de formation. En fait, nous ferons beaucoup de travail sur mesure, au cas par cas, mais personne ne peut être à l’arrêt complet sans activité physique pendant plusieurs semaines. A notre modeste niveau, dès qu’on s’arrête 4-5 jours consécutifs, c’est déjà un peu compliqué, et le niveau physique et sportif se perd vite, on dit souvent qu’il faut le double de temps pour le rattraper.
Avant l’arrêt des compétitions et le confinement, votre équipe de N2 avait joué 4 matches. Quel bilan tirez-vous de ce début de saison ?
Aujourd’hui, le classement de notre poule de N2 ne donne pas une bonne lisibilité, car certaines équipes n’ont pu jouer qu’un, voire deux matches, d’autres sont à 3 ou 4 rencontres. Pour le moment, on présente un bilan que je qualifierais d’encourageant : nous avons perdu de peu 3-2 à Cagnes/Mer, nous avons gagné à Hyères 3-1 sur un match assez maîtrisé, et nous venons de perdre 3-0 à Romans, qui est le favori de la poule, en livrant deux bons sets, dont un perdu 30-28 avec deux balles de set en notre faveur, que nous n’avons pas su convertir. Enfin, nous avons livré un derby, serré comme souvent, avec une victoire 3-2 contre le Volero Le Cannet, avec une remontée spectaculaire au 4ème set, un exploit qui a soudé le groupe. Je ne pense pas que beaucoup d’équipes iront s’imposer à Romans, ou même à Cagnes/Mer, alors ce ne sont pas vraiment des points perdus en route de notre part à travers ces deux défaites.
Néanmoins, à la lecture des différents résultats, et sur la base des vidéos des adversaires que j’ai récupérées et visionnées, Romans devrait être l’équipe la plus dense du championnat, et La Garde et le Stade Marseillais semblent un ton en-dessous. Après, les niveaux de jeu me semblent assez proches d’une équipe à l’autre, même si je pense que notre collectif aura les moyens d’ambitionner une place sur le haut du tableau. Mais bon, le confinement et l’hypothétique reprise en janvier vont aussi apporter leurs lots de surprises et de complications.
Sinon, depuis le début de la préparation physique, je suis content de l’investissement et de l’ambiance de notre collectif. Au départ, j’avais un noyau de base de 9 joueuses, mais depuis la mi-septembre j’ai trouvé des recrues supplémentaires, et nous avons aussi des joueuses qui viennent comme partenaires d’entraînement. Du coup, on est toujours entre 10 et 12 en séance, et on peut souvent faire des situations d’opposition en 6 contre 6 les soirs de semaine. Avec les 1ers matches, nous avons connu notre lot de blessures et de pépins physiques, ce qui fait que nous avons proposé un six de base différent sur les 4 matches pour pallier les absences, ou pour compenser des postes où les filles n’étaient pas à 100% physiquement. C’est la force de ce groupe, nous avons des profils assez homogènes, donc nous ne dépendons pas d’une seule individualité qui ferait tout sur le terrain, nous avons beaucoup de solutions, et certaines joueuses peuvent évoluer sur deux postes différents avec régularité. Je trouve que nous avons un bon niveau de service, et par rapport aux équipes de la division, nous avons un jeu en “attaque basket” (saut d’appel sur un pied) assez intéressant à exploiter. Nous sommes aussi une équipe qui défend beaucoup, et qui a un bon fond de jeu sur les phases de transition. Avec nous, ce n’est jamais fini, comme l’a prouvé́ notre remontée du 3ème set à Romans, ou notre 4ème set contre le Volero. Sur le plan mental, j’aimerais trouver un peu plus de concentration, toutes les équipes ont des moments de relâchement dans un set, mais les nôtres sont trop longs à mon goût. Et puis, “sous pression” en fin de set, quand c’est serré, nous avons encore un peu tendance à nous précipiter dans la réalisation de gestes techniques, ce qui entraîne des fautes directes après 20 points, qui ne devraient pas arriver par rapport à notre niveau de jeu. Nous devons améliorer cette gestion des ballons clés en fin de set. Mais nous avons un bel avenir, malgré un championnat dont le déroulement sera particulier. En tout cas, nous allons continuer à chercher des solutions, passer cette période de confinement du mieux possible, et revenir encore plus forts en 2021.
Merci Laurent et bonne continuation avec l’équipe !
Crédit photo : Michael TOFFOLO
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