1ère table ronde des 100 ans du RCC

Le vendredi 11 mars dernier a eu lieu le premier événement du centenaire du Racing Club de Cannes : la table ronde, avec pour invitée Zhou Hong, alias « Rony », ancienne joueuse du club de 1993 à 2000.
Ont animé le débat : la présidente d’honneur et de cœur du RCC, Anny Courtade et le président Agostino Pesce, autour d’Emmanuelle André, conseillère municipale subdéléguée au projet éducation sportive représentant Jean Marc Chiappini, de Patrice Mestre, directeur des sports de la Ville de Cannes, et de Jacques LE, membre du comité d’organisation du centenaire.
C’est le cœur rempli d’émotions et orientés par l’intervention d’Anny Courtade et les questions d’Agostino Pesce que les participants à cette première table ronde des 100 ans ont pu se livrer sur leur expérience au sein du club de volleyball féminin le plus titré de France.
Entre anecdotes diverses et variées, notre ancienne joueuse Rony est revenue sur l’événement qui l’a le plus traumatisée toutes saisons confondues : en pleine finale de Coupe de France, la joueuse, coachée par Yan Fang s’est réveillée un matin en ne voyant plus d’un œil ! Elle raconte : « Je commence à perdre la vue en pleine finale de Coupe de France ; à l’époque Yan a beaucoup confiance en moi, sur le terrain, à la réception ; c’est vrai que j’occupe la moitié du terrain. Avec un œil, on ne voit pas bien, la vision n’est absolument pas la même, surtout en réception ; c’est quasiment impossible et c’est psychologique pour l’adversaire ; celui-ci ne doit jamais voir vos faiblesses et toujours penser que vous êtes forts ; j’ai donc continué sur le terrain comme si de rien n’était ! »
Son meilleur souvenir : la 1ère victoire du club en championnat de France, en 1995 dont elle est très fière !
Anny Courtade, avec ses 25 ans de présidence du club, se confie avec nostalgie sur ses années passées et évoque son entrée dans le club de football de l’AS Cannes :
« J’ai connu avec le Racing Club de Cannes les plus grandes émotions et les joies les plus fortes tout au long de ces années ! Je n’ai jamais retrouvé ces sensations.
Cependant, étant également Présidente de l’Orchestre Régional de Cannes, c’était un concert et un match tous les week-end et je pensais sincèrement à passer la main pour donner un nouveau souffle au club.
A la fin de mon mandat, il m’était impossible physiquement d’assister au tie break d’un match très disputé tant le stress à gérer était fort.
Cela a été un crève-cœur d’arrêter le volley, avec tous ces bénévoles dévoués tels Bernard Moricet, Pierre Alain Vuolo, Michel Cozzi, Georges Marchisio… Ma devise en tant que chef d’entreprise est : « seuls nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles » ! La victoire survient grâce à tous car la réussite n’est jamais solitaire, mais solidaire. Aujourd’hui, si je fais un bilan, au foot une chose que j’ai enrichie, c’est le dictionnaire des gros mots ! »
Lorsque j’ai arrêté la présidence, David Lisnard notre maire m’a dit « J’ai peur que tu ne tombes en dépression alors je t’ai trouvé un nouveau job ! ». Il m’envoyait des sms me disant qu’il voulait que je prenne la présidence du foot et je lui répondais : « jamais ! ». Mon assistante Colette m’avait dit « si vous prenez la présidence du foot je ne serai plus votre assistante ! » car Colette a été mon bras droit pendant 22 ans et gérait avec moi le club ; avec Nancy Costa trésorière du RCC et mes collaboratrices qui nous aidaient pour le club, nous formions une équipe solide. Mais un matin dès 7h, je reçois des messages de félicitations « félicitations Anny » ; je me demande pourquoi ces félicitations ? « Tu as été élue présidente du foot c’est dans Nice Matin ! » ; en effet je lis l’article : Johan Micoud alors président, avait fait une interview d’une page dans Nice matin confirmant sa démission et en bas je lis « David Lisnard donne la présidence à Anny Courtade » !
Anny Courtade évoque le poids qu’ont sur les épaules aujourd’hui chaque entraineur et acteur du monde de l’éducation sportive ;
« Dans éducateur il y a le mot « éduquer » ; on apprend à certains à dire « bonjour, au revoir », on leur apprend le respect de l’autre, l’esprit d’équipe, toutes les valeurs de base qui feront que dans leur vie, ils seront des adultes vertébrés et équilibrés. C’est le véritable sens du sport ; inculquer ces valeurs essentielles à ces enfants. Et c’est une mission extraordinaire qui me fait vibrer… et après 43 titres c’est sûr que ça fait vibrer !
Ce que je dis toujours aux entraineurs c’est que vous avez un exemple à donner, vous êtes un miroir et les enfants sont des éponges ; vous devez refléter le bien et le bon exemple. »
Jean-Denis Martin, trésorier du club, partenaire et ami, société AREAS ASSURANCES, évoque à Anny le recrutement de Yan Fang ; celle-ci revient sur le sujet :
« Il y en avait un qui m’énervait… ce chinois qui gagnait tout le temps : c’était Yan Fang, entraineur de Riom. Je l’ai alors invité à Cannes pour lui dire que j’avais un beau projet pour lui en lui disant : « vous n’allez pas rester à Riom toute votre vie ! Cannes est un environnement magnifique pour jouer et je vais vous donner les moyens : je veux que mon équipe soit championne ! ».
J’ai senti alors que c’était quelque chose qui lui parlait car Yan est un gagneur ! Il a négocié son contrat et il est venu ; le challenge et les moyens l’ont motivé ; je lui ai transmis l’envie que j’avais de faire ! ».
Ne manquez pas le prochain rendez-vous des tables rondes, le 22 avril prochain à la Gare Maritime de Cannes, lieu d’exposition des 100 ans du club du 12 au 25 avril. Le club aura comme invitées Katerina Buckova et Karine Salinas qui nous raconteront leurs histoires et anecdotes au sein du Racing Club de Cannes !
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En exclusivité l’interview d’Anny Courtade par Georges Marchisio avant la table ronde :
Quel est ton ressenti vis à vis de cette manifestation ?
Beaucoup d’émotions, puisque chaque fois que je revois ce palais je repense à tout le bonheur vécu ici ; je ne peux même pas dire les déceptions car on n’en a pas eu ; je repense à tous les titres qu’on a gagnés, les émotions, les vicissitudes qu’on a rencontrées.
Qu’est-ce que le centenaire évoque pour toi ?
On ne peut pas dire que ce soit une vieille dame endormie ; c’est la pérennité, le talent et la réussite dans l’adversité ; car toutes les périodes n’ont pas été égales, ça justifie que le Racing Club de Cannes est un grand club et restera toujours un grand club, car personne ne pourra nous enlever les titres qu’on a eus.
Le meilleur souvenir que tu as ?
La première Coupe d’Europe en 2002 à Istanbul ; c’est ce qui restera marqué à jamais ainsi que le premier titre de Champion de France.
Une grande déception ?
On a organisé le 1er final four en 2006 et nous n’avons pas remporté le titre ; j’ai mis des mois à m’en remettre.
Tu es une femme de cœur, que penses-tu de la situation en Ukraine ?
Je suis catastrophée et sidérée qu’au 21ème siècle on ait encore une guerre pareille ; je suis ça tous les jours à 6h du matin et j’en ai le cœur fendu ; une guerre fratricide comme ça ne devrait même pas exister ; ces dictateurs, on devrait les exterminer ; ce peuple fait mon admiration par sa résilience et sa résistance … Si on avait cette guerre-là en France, est-ce que beaucoup de personnes prendraient les armes pour leur patrie ?

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